Ma Scoliose et moi
La scoliose peut être idiopathique, c’est la variante la plus fréquente (cause inconnue), neuromusculaire (lorsqu’une affection ou une maladie contribue à la scoliose) ou encore congénitale (déformation depuis la naissance). Elle peut avoir une courbe principale et des compensations, deux ou trois, communément appelées courbe en S ou en C.
Les degrés peuvent varier et peuvent conduire à de l’inconfort jusqu'à une perte totale de qualité de vie avec des troubles associés (respiratoire, douleurs chroniques, dépression, perte d’estime de soi par la déformation, par le port d’un corset, par une prise en charge opératoire avec grande cicatrice, etc...).
Ma scoliose est somme toute modérée. Le mot scoliose a été porté par mon médecin généraliste lorsque j’avais 18 ans. On ne m’a rien dit de plus que “tiens tu as une scoliose toi”. Je n’ai jamais consulté d’orthopédiste, de spécialiste, je ne savais pas trop de quoi il s’agissait ni ce qu’il convenait de faire ou pas.
Vers 20 ans, des douleurs au niveau des cervicales, des omoplates, de la région thoracique et du bassin sont apparues, donc les rendez-vous chez le chiropracteur ou l’ostéopathe sont devenus monnaie courante. Environ une fois par trimestre ou deux fois par an. J’ai découvert des douleurs de sciatiques, des douleurs lors de l’inspiration (diaphragmatiques) mais à part être “remise en place”, rien ne m’a été préconisé. “Fais du rameur”. Oui c’est vrai, on me l’a dit. Mais à aucun moment on ne m’a dit : tu as une pathologie de la colonne vertébrale qui conduit à des désalignements, des torsions, des courbes et des spirales dans ton corps et tu peux avoir des douleurs chroniques. Je ne parle pas des troubles digestifs et gynécologiques qui, selon moi, sont liés à ces torsions. Même si ce n’est pas uniquement ça... L’œuf ou la poule ? Qui a commencé ? On ne sait pas, pas même les médecins.
Quand je me suis formée au Pilates, j’ai commencé à vraiment la ressentir de façon plus précise car j’ai découvert mes limitations physiques liées à cette déformation. J’avais 38 ans, j’étais dynamique mais sédentaire, rigide, et l’asymétrie prononcée, les tissus, les muscles se figeaient chaque jour un peu plus dans ma forme courbée et spiralée. C’est normal, le corps s’adapte — et heureusement — mais la rigidité est un ennemi. Là encore, nous ne sommes pas tous égaux : il existe des personnes avec une laxité des articulations et d’autres plus raides, ce qui est mon cas. Donc cela devenait de moins en moins mobile, mais cela a pour mérite d’être plus évident pour ma compréhension corporelle. “Ça ne tourne pas à gauche”, c’est clair, net et précis, mon corps ne trouvait pas d’autres chemins.
La pratique du Pilates en cours privé, avant la formation, me faisait un bien fou. Évidemment, la prof qui me donnait les cours savait que j’avais cette pathologie et cherchait à donner de la longueur, de l’espace dans les zones raccourcies, et cela m’apportait un bien-être immédiat. Je ne comprenais pas ce que je faisais, je ne devenais pas autonome, mais c’est ce qui m’a rendu accro à cette gym : le bien-être, le soulagement, du tonus plus équilibré, de la mobilité, un corps vivant en somme.
En écrivant, je me rends compte que c’est peut-être pour ça que certaines personnes n’aiment pas le Pilates. Quand tu es très actif et très mobile (laxe), tu ne vois pas en quoi cela peut t’apporter du bien-être car tu ne le ressens pas. Ça ne veut pas dire que ces personnes n’en ont pas besoin. C’est juste que leur corps a un fonctionnement d’hypermobilité, où trouver de la densité musculaire, de l’alignement, du lien vers l’intérieur est plus difficile d’accès… sauf lorsqu’ils sont blessés. Et là, le Pilates leur apporte les limites et les clés de leur posture.
Quand j’ai découvert le Pilates, je me suis dit que cela devait être enseigné depuis l’école maternelle ou primaire, tel que les maths, l’alphabet, la lecture, le calcul… pour que chaque être humain ait la connaissance : celle de son corps. Ce n’est pas du sport, c’est une connaissance indispensable à sa vie en tant qu’être humain, être vivant.
Revenons à la scoliose : avec la connaissance, les exercices adaptés, la patience, j’ai gagné en force, en mobilité, j’ai trouvé de l’équilibre, de la médiane dans mon corps. À 45 ans, je crois qu’elle est en train de bouger un peu, peut-être la périménopause et les changements hormonaux. Alors plus que jamais, je continue de bouger, de comprendre et d’adapter ma pratique.
Est-ce que je continue d’aller chez l’ostéo ou de recevoir des soins énergétiques ? Bien sûr. Mais j’ai trouvé une bien meilleure qualité de vie et, pour ma part, j’ai pu suivre des cours avancés de Pilates. J’ai accès à des exercices difficiles et avancés, c’est un vrai succès.
J’ai gagné en souplesse, en capacité respiratoire, en massage viscéral, en calme, en apaisement de mon système nerveux, en force, en équilibre. Je suis super en forme.
Chaque scoliose est différente, mais une chose est sûre : le mouvement adapté à son corps va grandement améliorer la qualité de vie du pratiquant, changer la forme, donner confiance en soi, une meilleure estime de la puissance et du bien-être. Ceci est vrai pour tout le monde, avec pathologie ou pas.