Les 6 principes originaux du Pilates
Voici l’ordre dans lequel ces principes résonnent en moi :
La respiration
La concentration
Le centrage
Le contrôle
La précision
La fluidité
1. La respiration : retrouver le souffle essentiel
La respiration est un phénomène inné, inconscient, automatisé dès la naissance, sous le contrôle du système nerveux autonome. Le cycle respiratoire — inspiration (contraction du diaphragme) et expiration (relâchement) — fonctionne naturellement, même pendant le sommeil. Alors pourquoi la respiration est-elle un pilier fondamental de la méthode Pilates ? Parce que cette respiration naturelle se transforme avec le temps. Les bébés respirent avec le ventre — une respiration diaphragmatique instinctive, partagée avec les animaux. En grandissant, cette respiration se perd au profit de schémas plus superficiels, souvent thoraciques ou claviculaires.
Or, la respiration diaphragmatique présente de nombreux bienfaits : meilleure oxygénation des tissus, réduction du stress et de l’anxiété, activation du système parasympathique, diminution du rythme cardiaque et de la tension artérielle, facilitation de l’endormissement.
En Pilates, on réapprend à respirer de manière consciente, complète, en 360°, à tous les étages du tronc. Cette respiration consciente devient un support essentiel : elle guide le mouvement, engage les muscles profonds, améliore le placement corporel. Elle est en tête de mon classement car elle me relie profondément à moi-même. Respirer consciemment, c’est revenir au présent, faire une pause dans le tumulte mental (la fameuse "liste de courses"), et m’offrir un moment sincère, une reconnexion intérieure.
Personnellement, la respiration m’a beaucoup aidée. J’utilise régulièrement des techniques comme la respiration carrée ou la cohérence cardiaque pour apaiser l’anxiété. Et à l’inverse, le souffle expiratoire me dynamise, me donne de la force et de la précision dans l’effort. La respiration est puissante : elle calme, elle énergise, elle nous ramène à l’instant.
2. La concentration : un entraînement pour le corps et le cerveau
La concentration désigne l’effort mental porté sur une tâche ou un apprentissage. En Pilates, chaque mouvement requiert attention, conscience, présence. On ne bouge pas par automatisme : on observe, on ressent, on affine. Les recherches en neurosciences montrent que le cerveau peut évoluer tout au long de la vie grâce à la neuroplasticité. Il crée de nouvelles connexions, s’adapte, se renforce. Des pratiques simples comme la méditation, un bon sommeil, une alimentation équilibrée... ou le Pilates, stimulent ces capacités cognitives.
Pendant une séance, la concentration est omniprésente : sur la respiration, sur la qualité du geste, sur les sensations internes. Chaque répétition est une forme de méditation en mouvement. En s’entraînant ainsi, on développe une meilleure attention, une plus grande capacité à rester centré et à calmer le mental.
Concentration et mouvement ne font plus qu’un. Le Pilates devient un entraînement autant physique que mental.
3. Le centrage : initier le mouvement de l’intérieur
Le centrage consiste à mobiliser consciemment les muscles profonds du tronc : le transverse, les obliques, le carré des lombes, le plancher pelvien, les érecteurs du rachis. Ce “centre” — aussi appelé core ou powerhouse — est notre noyau. C’est depuis lui que naît le mouvement. Lorsque ces muscles sont activés avec justesse et en synergie avec la respiration, ils stabilisent, soutiennent et permettent des mouvements efficaces, fluides, harmonieux.
Le centrage, c’est ce retour à l’intérieur, à la colonne vertébrale, au milieu de soi. En travaillant depuis ce centre, on obtient un meilleur contrôle du corps : bras, jambes et colonne peuvent alors se mouvoir avec plus de légèreté, de souplesse et de puissance. Un mouvement centré est un mouvement maîtrisé.
4. Le contrôle : se réapproprier son corps
Le Pilates est avant tout l’art du contrôle. Joseph Pilates avait d’ailleurs nommé sa méthode “Contrology” — la science du contrôle. Loin d’un enchaînement de gestes mécaniques, chaque mouvement est une action intentionnelle, consciente. L’idée est de sortir des automatismes, de la distraction, pour retrouver une qualité d’exécution, une vraie présence.
Ce contrôle permet : une meilleure coordination, une posture plus stable, un alignement global du corps. Il ne s’agit pas de forcer ou d’aller vite, mais de bouger avec précision, fluidité et attention. Ainsi, le Pilates devient une pratique physique, mentale et sensorielle. Contrôler son mouvement, c’est se respecter, s’écouter, se reconnecter.
5. La précision : la qualité avant la quantité
La précision signifie exécuter un mouvement avec exactitude, dans un but précis. Cela implique : une posture juste, un bon engagement musculaire, une stabilité globale, un effort mesuré mais efficace. Oui, il est possible d’en faire moins, mais mieux. Moins de répétitions, pour économiser son énergie tout en ayant un maximum de résultat.
On parle ici d’efficience : le bon mouvement, au bon moment, avec le bon muscle. Privilégier la qualité plutôt que la quantité. “The goal is not to move more, but to move better.”
6. La fluidité : l’art du mouvement harmonieux
J’imagine souvent un félin en mouvement : souple, agile, précis. La fluidité incarne cette grâce. Elle est le fruit de l’intégration des autres principes. Quand la respiration, le centrage, la concentration, le contrôle et la précision sont présents, alors la fluidité émerge naturellement.
On passe d’un mouvement segmenté à une chorégraphie intérieure : tout devient fluide, cohérent, presque dansé. Cette qualité transforme l’expérience : on ne fait plus du Pilates, on est dans le Pilates. La fluidité, c’est l’aboutissement. C’est le corps et l’esprit en accord.